Mot utilisé en en darja (parler du Maghreb) ainsi qu’en arabe classique, pour désigner une bague : cette pièce de joaillerie en forme circulaire, portée au doigt, et fabriquée à partir de divers matériaux comme l’or, le cuivre, l’argent ou encore, l’ébène et l’ivoire. Appelé également brîm dans l’algérois, la bague est un des bijoux utilisé dans le jeu divinatoire el boukala. un des bijoux utilisé dans le jeu divinatoire el boukala.
L’origine de ce vocable est sémitique. Le mot se prononce khotam en hébreu, et son étymologie est intiment liée au registre du magico-religieux qui transcende de ce fait, la simple fonction ornementale qu’on octroie à une bague. Le psychologue Tobie Nathan, souligne l’usage de la bague dans le domaine du fétichisme et superstition et propose la définition suivante : « [… ] en arabe khatem (khotam en hébreu), la bague, mais aussi le sceau, correspondent à ce qui clôt, qui scelle, par exemple un courrier. Le mot hébreu kaméa’h, qui a donné le français « camée », regroupe les notions de petit objet, d’objet concentré et aussi de « ligature » ».
El khatem est donc un mot à plusieurs sens. Il renvoie à « celui qui clôt »; car il partage la même racine avec les termes« khatima » خاتمة (épilogue), « khatm » ختم ( sceau), et « khitam » ختام (achèvement ou encore l’objet utiliser pour obstruer un goulot.
Par ailleurs, le verbe « khatama » ختم signifie apposer une griffe ou émettre une conclusion. Autant de vocables usités dans le jargon de la magie préislamique, et dont les influences de son art talismanique sont inspirées des traditions assyro- araméennes, cananéennes et judaïques.
L’usage du khatem dans la magie est un trait prédominant chez divers peuplades sémitiques. Une tradition maintenue par les tribus arabes implantées au sud du lac Tchad, célèbre l’ésotérisme du Roi Salomon, figure emblématique des récits monothéistes. Il fut connu pour avoir eu en sa possession une bague portant l’inscription de l’hexagone étoilé « Khatem Soulyman », à qui on attribut moult pouvoirs magiques.
El khatem revêt divers symboliques et représentations à travers les époques. Au Moyen Age, dans le système féodale médiévale, le port d’une chevalière : bague gravée d’un blason définit l’appartenance d’un seigneur à un ordre ou à un rang de la noblesse. Elle sert à marquer et sceller un parchemin en vue de l’authentifier à l’aide d’une cire .
La bague est prisée chez les femmes, aussi bien que chez les hommes; comme il est le cas chez les kel tamasheq .Une tenue
apparat et de parade n’est point parfaite sans le port d’une bague majestueuse et imposante. L’orfèvrerie jouit d’un grand intérêt chez les touareg, elle est réservée à une caste appelé « inadan ».
Du signifiant (objet utilitaire) au signifié (usage antique), la simple évocation du mot el khtem scelle entre ses lettres une part du mystère des temps reculés. De nos jours, le caractère surnaturel de la bague s’estompe, mais l’objet demeure néanmoins chargé de symbolique comme il est le cas de l’alliance, la bague qu’échangent les époux lors de la célébration des noces.
Leila Assas.
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