30 Apr
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Benmansour avait côtoyé les plus grands, Racim Benateur, Isshikhem et Baya, qu’il évoquait avec beaucoup de nostalgie et de tendresse. A la galerie Sésame, on pouvait admirer des reproductions de la grande dame de l’art plastique algérien, réalisées par celui qui fut son ami et confident.


Sésame, une galerie pas comme les autres

Benmansour est né à Tlemcen en 1929. Après des études au sein du  mouvement artistique Art déco à Paris, il revient en Algérie en 1952. Messaliste de vocation, il aurait été selon son ami Lachachi Mustapha, le concepteur du premier tract de l’ALN de 1955. Sur ce passé politisé et militant, Benmansour, n’en évoqua que peu de détails.

Il ouvre sa galerie Sésame en l’an 1959, qui est sans conteste un des lieux mythiques d’Oran. Située près de la grande Poste, à la Rue Khmesti, elle apparait au comble du mysticisme, à  mi-chemin entre l’antre de l’ermite et l’antichambre d’un antiquaire. Des manuscrits, des toiles et des pierres de jade ornent les lieux. Soufi et mystique, il citait à souhait, et relatait les exploits ésotériques de Sidi Boumediene pour lequel, il exprimait une admiration sans faille.

L’art de Benmansour se traduit par des formes et couleurs oniriques, et tire ses origines de l’Art originel Algérien. A ce propos le doyen s’exprime sur sa démarche artistique comme suit « Une identification et une réhabilitation traditionnelle de l’Art originel Algérien reste une expression universelle à méditer et à réviser [ ] Ainsi, on représentait à travers les motifs originels toute la vie social et décorative de la tribu ou de la région a laquelle poterie pan tisses de tentes, bijouterie tatouages identitaire disparues .» Dans cette introduction sur l’art originel Algérien, il revient sur l’importance de porter l’art pictural représenté de manière « naïf » et véhiculé à travers l’artefact et l’artisanat traditionnel, au sein d’une vision plus académique. Cela s’exprime par l’usage du signe et symbole, à l’instar de son œuvre : Nuages sur l’univers d’un nomade.

Plasticien, graphiste, calligraphe, sculpteur et joaillier, feu Abdelilah Benmansour, qui nous a quitté le 02 décembre 2017, laisse une œuvre didactique et artistique de plus de 65 ans de carrière. Ses toiles continuent de voyager dans plusieurs pays tel que la France et les États Unis.

Triste constat, celui de la méconnaissance des jeunes générations de plasticiens algériens des travaux de Benmansour. Certains étudiants interrogés, de l’école des Beaux-arts, affirment n’avoir pas eu de cours sur l’artiste et l’Art originel Algérien.

Leila Assas


Bibliographie :

  • T LakhalUn nom, un lieu: Hadj Abdellah Benmansour, un artiste très discret, publié dans Le Quotidien d’Oran le 05 – 08 – 2009
  • https://abdbenmansour.canalblog.com/
  • https://p5.storage.canalblog.com/59/05/794055/58471097.jpg