L’Histoire de l’Horlogerie prend racine en Égypte antique (environ 1500 ans avant notre ère), et la mesure du temps à travers le parcours des astres correspond dès lors, à un repère qui jalonne les saisons ainsi que le labeur. Biens des siècles plus tard (à partir du VIII e siècle) le monde musulman médiéval développera les astrolabes ; ces instruments de mesure grecques à l’origine, qui permettent d’estimer le temps à l’aide d’un cadran solaire indiquant les positions des astres et les phases d’une journée.
L’industrie devint par la suite l’apanage de l’occident particulièrement en Allemagne, Italie et France, puis plus tardivement en Suisse. Au fil du temps, les instruments de mesures se sophistiquent, s’automatisent et deviennent des signes civilisationnels et identitaires.
Réaménagement de l’espace public des colonies françaises
L’introduction des Horloges mécaniques en Algérie est intimement liée à la politique d’assimilation coloniale. Un acte non dénué de connotation, en vue d’imposer une hégémonie des idées et l’unification des territoires colonisés. Les premières horloges mécaniques dans les places publiques sont installées entre 1832 et 1859. Elles ornent des édifices tels que la Place du Gouvernement d’Alger, Place Royale ou encore la Place d’Arme où elles se juxtaposent à des bâtisses locales ; tel est le cas du minaret de Djamaa el Djdid (mosquée de la pêcherie, située entre l’Amirauté et la place des Martyrs d’Alger) qu’on a affublé d’une horloge en 1847. Après Alger, d’autres villes suivront : Miliana, Tlemcen, Cherchell et Sidi Bel Abbes.
Perçues comme un signe ostentatoire de l’occidentalisation du territoire, ces horloges, qui à l’instar des immeubles haussmanniens et places publiques, ainsi que l’ensemble des bâtiments de l’administration coloniale participent à « la construction d’une identité française et la mise en œuvre d’une tradition nouvelle conçue et imaginée par les nouveaux arrivant [ ]. Par cette série d’actions portées sur l’espace, l’introduction du temps linéaire [ ] correspond à un geste crucial », souligne Nabila Oulsbir qui met l’accent sur la politique patrimoniale au service d’une vision d’unification des territoires colonisées. La politique patrimoniale tend en ce sens à modifier l’espace public, tandis que la sphère du privé demeure foncièrement « autochtone ». Par ailleurs, la nette séparation entre espaces dédiés aux colons et indigènes est accentuée, particulièrement, entre 1830 et 1930.
De nos jours, la politique post indépendance est peu probante en ce qui concerne la question de la préservation architecturale. Beaucoup d’horloges, pour la plupart signée Maison Wagner de Paris, sont en état avancé de dégradation. Certaines d’entre elles sont toujours fonctionnelles, c’est le cas de l’horloge jurassienne de Miliana, mise en place en 1918, et restaurée par deux amateurs, Brazzi Toufik et Lotfi Khoutami.
Leila Assas
Bibliographie :
Images : Algermiliana.com