17 May
17May

En l’an 1802, un navire d’une expédition napoléonienne en cap vers Saint Domingue, fait naufrage et échoue sur les côtes algériennes. Parmi les rescapés du Banel, il y’avait neuf femmes hollandaises qui ne seront jamais rapatriées. 


Un récit entre mythe et réalité 

La légende de Mama Binette et de ses compagnes de voyage, est liée au naufrage du Banel, à Beni Houa, située à quelque 130 km d’Alger, entre Ténès et Cherchell. Il se raconte que le vaisseau échoué sur nos côtes, comptait parmi ses voyageurs neuf femmes ayant embarqué clandestinement. Celles qui rêvaient de faire cap vers la Louisiane pour une nouvelle vie en Amérique seront oubliées, et ne quitteront jamais plus les tribus de Béni Haoua.

Si le récit du parcours de ces européennes se mêle à la légende, il existe un échange épistolaire à ce sujet entre Alger et la France. En effet, les archives de la Marine Française font référence d’une lettre de Dubois-Thainville, chargé d’affaires à Alger dépêchée au Dey Mustafa, le sommant de libérer les naufragés et fit mention des religieuses hollandaises, dont celle qui sera plus tard surnommée Mama Binette. Une requête qui ne serait jamais satisfaite puisque selon la tradition locale les religieuses chrétiennes, se seraient converties à l’Islam et auraient fini leur vie auprès des tribus locales.

Cette nationalité hollandaise attribuées à ce petit groupe de femmes va nourrir d’ailleurs des explications fantaisistes sur la couleur des cheveux (blond ou roux) et des yeux (bleus) des habitants de Ben Haoua.


La faiseuse de miracles

Réputées pour leurs piété et altruisme, les sœurs hollandaises acquièrent le respect des populations locales, mais une seule inscrira son nom dans la postérité : Mama Binette. L’appellation serait une déformation phonétique supposée de  Yemmat el  B’nat (la Mère des filles) dont le véritable nom serait Mère Jeanne de l’enfant Jésus, une infirmière du corps ecclésiastique catholique. “Mama Binette était l’épouse d’un chef local de la tribu des Mokran , mais aussi une bienfaitrice, une infirmière prodiguant des soins aussi bien aux femmes qu’aux hommes et en définitive, une “mrabta”, une quasi-sainte.”” L’auguste dame suscitera l’admiration qui au fil du temps se transformera en vénération. 

La mère Binette fut honorée chez les Béni Haoua et le restera pour toujours à l’instar des autres femmes naufragées. Des mausolées leur ont été dédiés afin de perpétuer leur souvenir dans la mémoire collective des Béni Haoua.

Précisons que le mausolée de Mama Binette a été détruit une première fois par un séisme en 1936. Depuis, il fera l’objet de plusieurs destructions et reconstructions, jusqu’à sa restauration parvenue avec l’aide financières des Pays-Bas en 2008.

Cette ultime demeure de Mamma Binette, réunie  autour d’un pèlerinage annuel des femmes frappées de stérilité, venues demander de l’aide à la faiseuse de miracles.  Autour du lieu, rites païens et pratiques musulmanes se côtoient. 

Le récit des naufragées du Banel a fait l’objet de plusieurs romans historiques, et plus récemment d’un livre-essai «Mama Binette, naufragée en Barbarie», de Mahdi Boukhalfa qui tente de défaire le mythe de la réalité.

Leila Assas 


  • Bibliograpie :
  • 1.El djamhouria Slimani Aït Saada « littératures et mondialité et l’écriture féminine de l’histoire Histoire légende et écriture sur un lieu » Université Hassiba Benbouali, Chlef, Algérie
  • 2· « Mama Binette, naufragée en Babarie » de Mahdi Boukhalfa
  • 3·Site de l’Ambassade du Royaume des Pays-Bas à Alger, Algérie
  • 4.Les dons de la mer: Beni Haoua, de la tribu à la cité, livre de Djelloul




                            

 

                        

                       

 

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