L’Arbre à palabre est à la fois, un lieu et une représentation. Cet « arbre-institution »,est prédominant dans les pays de l’Afrique de l’ouest, particulièrement au Mali et au Sénégal; et son rôle est basé sur le maintien de l’éthique et le consensus. Il apparait comme une des manifestations de l’oralité africaine, où la sagesse prime.
Une organisation sociale ancestrale
Cet appellation renvoie dans un premier temps à un lieu à proprement parlé. Lieu de rassemblement et des débats. Il s’agit selon l’interprétation répandue, du premier arbre d’un village, celui que l’aïeul, attesté comme le fondateur, a planté ou a simplement trouvé et décidé d’y élire domicile, car son ombrage offrait la perspective d’une sédentarisation prospère. Souvent un baobab, un arbre majestueux et vénéré. Spécifique à l’air géographique du Sahel et à la Savane sèche*, sa longévité peut atteindre plusieurs centaines d’années. Il devient donc témoin de plusieurs générations d’hommes et de femmes, « le Baobab est « l’Arbre-Peuple ». Grâce à la force de sa seule parole, la « mémoire (est) libéré ». Préface, le professeur Pius Ngandu Nkashama, dans l’œuvre poétique d’Amadou Elimane Kane « La parole du Baobab ».
Ainsi, cet arbre devient l’axe central du village, ce lieu incarne le collectivisme africain où s’exaltent des valeurs de l’oralité et du droit coutumier; de la gestion de conflits, au rayonnement culturel à travers le verbe en passant par le théâtre, mais aussi l’exposé des requêtes et doléances d’ordre juridiques, politiques et économiques. En somme, la vie sociale et communautaire y est débattue à l’ombre de l’Arbre à palabre et en toute transparence.
Des questions quotidiennes qui ont trait aux manifestations, telles que les mariages et les enterrements en passant par la gestion de crise entre ethnies y sont également évoquées. Fait particulier, la mixité ethnique et religieuse est monnaie courante en Afrique de l’ouest. Musulmans, chrétiens et animistes peuvent appartenir à la même communauté voire à la même famille, chose peu commune comparée au Maghreb où souvent, sauf grandes agglomérations, les communautés préfèrent le sectarisme ethnique ou la religion musulmane prédomine.
Initialement, il est l’apanage des hommes, et plus particulièrement les sages, les anciens et les chefs de villages, il est fait inaccoutumé et exceptionnel que les femmes y prennent part pour être entendues. Cependant, il est également fait notoire, qu’épouses, mères et maitresses agissent toujours en amont, dans l’ombre et influencent les décisions prises par les hommes.
L’Arbre à palabre existe depuis des siècles, particulièrement dans les villages traditionnels. Nous observons de nos jours, un retour vers ce concept, et un intérêt nouveau que l’occident porte à cette pratique en l’intégrant dans des stratégies nouvelles de communications. Il est à l’instar de l’Agora de la Grèce Antique ou le Forum romain, un système de valeur qui verse dans la voie de la démocratie ou la palabre (pourparlers), y est nécessaire et inhérente à l’accomplissement de cette dernière.
Leila Assas
¤Savane Sèche : Zones tropicales dominées par la sécheresse comme le Bostawana, Tanzanie et l’Australie.
Bibliographie :