01 Jun
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Le vocable chibani, qui signifie en darja maghrébine personne âgée aux cheveux blancs, tire son origine de l’arabe classique « el ch’ib » qui signifie cheveux blancs, et fait son entrée dans le langage français pour désigner les vieux im- migrés arrivés en France entre les années 1945 - 75, appelées les « Trente Glorieuses », ce qui correspond à la première vague de travailleurs d’origine maghrébine, principalement algérienne.                                                                 



L'exil et le froid 

Les chibanis représentaient la majorité de la masse prolétaire post-Seconde Guerre mondiale en France. Apprêtés aux travaux publics, à l’industrie et le bâtiment, ils évoluent souvent dans des conditions de travail désolantes. S’ajoute à cela le choc des cultures qui se fait sentir aussitôt, dû au contraste d’un pays natal chaud aux couleurs chatoyantes et une nouvelle réalité grise et morne. L’exil les rattrape. « Leur trajectoire s’inscit dans l’histoire économique, sociale et politique de la France. Les courants migratoires générés par le développement économique du pays d’accueil se sont développés sans se préoc- cuper du devenir de ces hommes. » Ainsi les définit l’association éponyme qui offre un espace aux « migrants du troisième âge ». 

Durant les années 1950, on voit l’émergence de bidonvilles de travailleurs algériens. Ces logements sont vite dissous en 1956 et remplacés par des foyers de regroupements, comme c’est le cas du foyer de la Société Nationale de Construction pour les travailleurs qui se déclina en plusieurs services d’hébergement et aides sociales. On compte plus de 450 foyers en France. Certains optent pour un re- groupement familial tandis que de nombreux autres choisissent une vie d’exil sans attache. D’ailleurs, il est un fait notoire que, chez de nombreuses familles algériennes, subsiste le souvenir flétri d’un père ou d’un fils parti jeune jamais revenu, voire présumé mort.

Analphabètes pour la plupart, les perspectives d’avenir demeuraient en ces temps-là amoindries, comme il est à souligner le facteur de risque lié aux métiers exercés. Arrivés à l’âge de la retraite, certains chibanis bénéficient de l’ASPA (Allocation de solidarité aux personnes âgées) mais ils seraient plus de 350 000 les « grands oubliés de l’intégration ». Quelques associations, telles que L’Olivier des sages et une association éponyme militent pour leur offrir une vie digne car, souvent, ils font face à un quotidien ponctué de précarité et d’isolement.                                   

Les scènes artistique et culturelles françaises se sont intéressées, ces dernières années, à cette catégorie sociale. Citons en ce sens l’ouvrage collectif intitulé Chibani de vingt- cinq auteurs, dont Plantu, un essai photographique" Chibanis La question", cosigné Luc Jennpin et Sophie Pourquié. Ces artistes revisitent, ainsi, les contours d’une société pétrie d’une politique migratoire et d’une aura coloniale.

Leila Assas              


  Bibliographie :                 

  • Assiya Hamza et Anne-Diandra Louarn Edition : Gaëlle Le Roux et Cassandre Toussaint Chibanis, l’éternel exil des travailleurs maghrébins.                
  • http://www.planetebd.com/bd/les-editions- du-long-bec/chibanis/-/35071.html                  
  • Chibani, Les éditions du Long Bec©, édition 2017.                   
  •  https://www.20minutes.fr/france/48242- 20050317-france-vieux-migrants-et-oublies- de-l-integration                 
  • Association Chibani : Chibanishttp://leschibanis. free.fr/Accueil.html
  • Photo Jérôme Bonnet © , «Libération»

                                   


    

    

                    

    

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