Figure majeure de la Résistance palestinienne des années soixante-dix, Edward W. Saïd, est un intellectuel palestinien, dont la pensée humaniste se manifeste par son engagement pour la cause de l’Intifada palestinienne.
Expulsé de la Palestine en 1948, lors de la première Nakba : l’Exode massif des palestiniens; il s’installe avec sa famille, dans un premier temps, en Egypte. Puis, se dirige vers les Etat-Unis, où il y vit jusqu’à son décès, survenu le 25 septembre 2003.
Littérature et résistance
Professeur de littérature comparée à l’université de Columbia de New York, sa pensée fut marquée par l’expérience de l’exil ainsi que la dualité : Orient/Occident; une invention occidentale selon lui, et qui prédomine dans l’ensemble de son œuvre. En 1978, il publie L’Orientalisme , « l’Orient a permis de définir l’Europe (ou l’Occident) par contraste : son idée, son image, sa personnalité, son expérience. La culture européenne s’est renforcée et a précisé son identité en se démarquant d’un Orient qu’elle prenait comme une forme d’elle-même, inférieure et refoulée. » Argue t- il.
Membre du Conseil national palestinien dés 1977, il prend part en tant que négociateur officieux dans le processus des Accords d’Oslo du 13 septembre 1993 et s’oppose à la politique de Yasser Arafat, dans laquelle il y voit « un acte de reddition ». Avec ses œuvres, «Des intellectuels et du pouvoir », (1994) et « A contre -voie » (1999), il met l’accent sur l’engagement de l’intellectuel et son devoir face à ses semblables. En ce sens, « L’artiste et l’intellectuel indépendants comptent parmi les rares personnalités équipées pour résister et combattre l’expansion du stéréotype et son effet ». Jugées subversives, ses œuvres sont interdites en 1996 par Arafat dans les Territoires Autonomes.
Edward W. Saïd et l’impérialisme colonial
Connu dans le cercle de l’Intelligentsia algérienne pour son œuvre «Culture et Impérialisme » (2000), Edward W. Said consacre un chapitre à l’auteur français Albert Camus, en mettant en exergue « la controverse entre le nationalisme algérien et le colonialisme français », à travers la triade : Français d’Algérie /Indigène/Français de la Métropole.
Précisions que pour Camus, les français d’Algérie seraient « des indigènes » marqués culturellement par l’héritage de la France métropolitaine. Ils demeurent détachés des autres « indigènes » , car ces derniers seraient exempts de particularité tel que l’on le retrouve dans ses œuvres « l’Arabe » , » dans l’Etranger ». Saïd propose d’aborder l’œuvre camusienne telle une «transfiguration métropolitaine du dilemme colonial ». En d’autres termes, les positions de Camus envers l’indépendance de l’Algérie seraient une manifestation de ce dilemme.
La pensée corrosive et acerbe d’Edward W. Saïd permet un décryptage critique de la psychologie de l’impérialisme occidental, ainsi qu’une lecture exogène de la Question Palestinienne. Si Darwich est le visage poétique de l’Intifada, Edward Wadî Saïd demeure incontestablement, une de ses têtes biens pensantes.
Leila Assas