Le palmier-dattier est l’un des arbres fruitiers des plus antiques de l’Histoire de l’humanité. Il est domestiqué depuis près de 6000 ans au Croissant Fertile du bassin de l’Euphrate (berceau des plus anciennes civilisations de l’Eurasie). Par la suite, il migre vers l’ouest, et ce dans toute l’Afrique du Nord, où il incarnait d’hier à aujourd’hui l’emblème des oasis sahariennes, jalonnant ainsi presque tous les aspects de la vie sociale et économique.
Un fruit emblématique du Sahara algérien
Aride et guère clément, le climat du Sahara est parfois peu propice à l’agriculture. Le palmier-dattier, de par sa nature robuste, s'est aclimaté . Avec plus de 900 variétés de dattes, l’Algérie est l’un des plus grand pays producteurs, d’Afrique du Nord. Outre son usage à des fins d’exportation, le dattier est l’une des composantes principales de la consommation locale des oasis saharienne. Il reste ainsi incontestablement, l’aliment le mieux adapté à la mouvance nomade.
Aux prémices de l’automne, nomades et semi –sédentaires affluent vers leurs oasis : c’est la saison de l’El guetîe (la récolte), et qui continue de nos jours, à rythmer la vie saharienne. Le cycle de vie du palmier, passe par divers phases : de « l’arbre encore adolescent, gharsa, et qui n’a pas encore produit; au seuil de la maturité, puisqu’il a « bien voulu » (ardha), entouré d’EL Mekernfa, qui vient du mot kernaf et qui désigne une sorte de carapace desséchée et parasitaire qui se forme autour du stipe en pleine croissance. La plante est alors dite Kebira, puis Charfa (littéralement vielle, puis importante). »
En plus d’être très prisé et apprécié pour ses fruits, le palmier-dattier a de multiples usages : les noyaux constituent la principale nourriture des animaux, les troncs sont utilisés encore de nos jours dans la construction des ksours et servent également de bois de chauffage et de cuisine. Les fibres remplacent l’alfafa pour la confection de paniers, d’éventails et de chapeaux ainsi que divers objets utilitaires.
Un délice qui se réinvente à l’infini
Le palmier-dattier compte autant de variétés que d’appellations. Ainsi, sa taille, sa texture et sa teneur en sucre varient également, en fonction du type de dattes : Tinkkur, Tinhud, hamira, Adeli, Takerbuch, Tinnacer, Tazerari, Admet Figuigue. Certaines variétés jouissent d’une grande notoriété, dont la plus connue demeure Deglet Nour, de Biskra .
Les dattes se dégustent nature, on les retrouve également de de façon incontournable, en tant qu’ingrédient dans la préparation de divers plats du Sahara. Les recettes à base de dattes se déclinent en une multitude de variantes, le plus connu étant« El rfis », un plat à base de galette émiettée, mélangé à de la datte, et nommé : « El taadeut » dans les oasis occidentales .
Rub Al-Tamr
La datte peut être déclinée en vinaigre, sirop et moulue, elle peut même remplacer le café. Elle se prête ainsi à toutes les fantaisies culinaires, et l’une des plus prisée est Rub Al-Tamr : une mélasse obtenue suite à une cuisson de dattes dans l’eau, qu’on caramélise par la suite, sur un feu très doux, et ce jusqu’à l’obtention d’un sirop très concentré, qui se déguste accompagné d’une galette de blé.
El Legumi, la boisson proscrite
El Legumi est un alcool fabriqué avec la sève du palmier : le bourgeon terminal du palmier, appelé le cœur de l’arbre est extrait, puis fermenté avant d’être servi par la suite, lors des soirées privées souvent masculine. L’extraction du bourgeon nécessite d’arracher la partie haute du palmier, on appelle cela « le tuer » et c’est la raison pour laquelle, on fabrique du legumi qu’avec des palmiers en fin de vie. Le vocable legumi serait issu de l’arabe lâgabî-ya et signifie cela me convient. Ce terme est adopté dans diverses régions du Maghreb, sous différentes variantes, comme par exemple à Tripoli, ou cette fameuse boisson est appelée legbi.
Autrefois, le dattier servait de monnaie d’échange et de mesure de troc, de nos jours, le palmier-dattier est principalement cultivé pour ses fruits.
Arbre emblématique et mystique, le dattier a longtemps fait office d’objet de cultes, et les palmes étaient utilisées dans de nombreux rituels religieux, dont certains persistent encore dans la communauté juive.
La cérémonie du mariage en Algérie, accorde une place de choix à ce fruit, symbole de douceur et d’abondance; lequel associé au lait, qui lui représente la pureté, constitue une mise en bouche offerte à la jeune mariée qui franchi pour la première fois, le seuil de sa nouvelle maison.
Leila Assas
Bibliographie :