Le désir de voler fut évoqué depuis les temps antiques. La mythologie grecque nous a livré « la Légende d’Icare », un récit épique qui ponctue le désir chez l’Homme de voler et de surpasser ainsi sa condition humaine.
L’Histoire de l’aviation depuis les précurseurs du XVIIe siècle, jusqu’à l’ère du décollage motorisé, a vu naître et mourir des aviateurs hors pairs. Leurs destins, ont souvent frôlé le romanesque, et les échos de leurs prouesses retentissent jusqu’à nos jours.
« Un papillon dans le désert »
Le 11 février 1962, une patrouille de la gendarmerie française découvrit une mystérieuse momie gisant à côté de l’épave d’un avion en plein Sahara, dans un lieu situé vers la route nommée l’impériale n° 2 (Oran – Gao) au Tanezrouft; une plaine désertique qui se trouve à l’extrême partie ouest-méridionale du Sahara algérien, limitrophe de la région de l’Adrar d’Ifoghas malien.
Le journal de bord permet l’identification du corps, il s’agit de l’aviateur britannique William Newton Lancaster, alias «Bill», disparu il y’a de cela vingt-neuf ans (1933). L’aventurier zélé releva le défi fou de réaliser un record en vol solo de la traversée de désert à bord de son avion monoplace baptisé « South Cross Minor » en français : petite croix du sud.
Habitué aux prouesses aéronautiques, il effectua son plus spectaculaire vol en 1927, planant entre la région de Croydon en Angleterre et Darwin en Australie; il y sera accompagné de Jessie Maude ‘Chubbie’ Miller, une pionnière aviatrice australienne. Donc c’est en homme confiant qu’il entreprit sa traversée saharienne « Londres- Gao ». Le 12 avril 1933, l’aviateur Lancaster disparaît au Tanezrouft. Son vol fut décrit comme périlleux et risqué. Infructueuses, les recherches de l’armée française cessent au bout de quelques semaines.
Huit jours d’agonie, du 13 au 20 avril 1933, sont décrits dans son journal de bord, un récit poignant entre journal intime et genre épistolaire. Ces derniers mots furent « je n’ai pas d’eau … pas de vent … j’attends patiemment. »
La mystérieuse momie
Vingt-neuf ans après la disparition de son fiancé, Chubbie Miller reçoit comme l’avait souhaité Lancaster son journal intime et autorise sa publication. La vie comme la mort de Bill Lancaster inspira la littérature et le cinéma : Sylvain Estibal, signe un roman intitulé « Dernier vil de Lancaster », adapté au cinéma en 2009, (film éponyme) de Karim Dridi.
Il convient de préciser que la momification en tant que processus savant, et « coutume » ésotérique s’inscrivant dans le rituel funéraire fut d’usage chez de nombreuses civilisations, citons parmi elles : les Égyptiens e Antiques; les Aztèques; les Tibétains et les Incas. Cependant, et en marge de ce procédé mortuaire, des corps naturellement momifiés furent retrouvés dans plusieurs sites à travers le monde. Ce phénomène trouve son explication chez les scientifiques qui réfutent la voie du surnaturel.
Par ailleurs, les corps et matières organiques voués à la décomposition et putréfaction, sont parfois préservés lorsque certains facteurs sont présents comme le froid, le sel , la dessiccation, ou l’extrême chaleur. Les mammouths de Sibérie, Les hommes de sel de Chehrabad en Iran, et Otzi l’Homme des glaces, sont autant d’exemples que des éléments scientifiques à grandes valeurs.
Enfin, la sécheresse tyrannique dont l’écart thermique varie entre 35°C et 80°C. permet la conservation des corps. En 1974, au Désert de Gobi, des momies gisant là depuis plus 500 ans, furent retrouvées.
Le Sahara, le ciel et l’Homme forment une triade dangereuse. La momie du Tanezrouft est auréolée de légendes des plus fantasques, des raids touristiques sont organisés sur les traces de Bill Lancaster.
Leila Assas
Bibliographie :