26 May
26May

Les Touaregs sont nommés « Kel Tamasheq » (le peuple qui parle le tamasheq). C’est un peuple aux frontières flous,  gardien de la culture lybico-berbère. Ils  font  face depuis des décennies à la sécheresse, au changement  politique et social, mais aussi à l'exode et vivent dans 5 états différents, à savoir : les états du Sahel : le Mali , le Niger , la Lybie, Burkina Faso et  dans le sud de l’Algérie.


Contexte historique 

Né dans  années 70, dans un contexte trouble, situé dans une région  enclavée et au quotidien réputé rude, les jeunes musiciens touaregs « Enfants de la Rébellion  » du Mali et au Niger  créent le mouvement « Ishumar », dont le mot est emprunté au français (chômeur). Ce vocable argotique, devenu avec le temps une sorte de sobriquet,  désigne le jeune touareg de culture nomade, contraint à la sédentarisation et à l’exil.

A l’origine de ce genre musical, le groupe emblématique  touareg, au nom redondant et à la renommée internationale «Tinariwen ». C’est dans un camp d’entrainement militaire en Libye que ce groupe est créé, et se compose des membres suivants : Ibrahim Ag Alhabib, Alhousseini Ag   Abdoulahi,Alhassane Ah Touhami, Said Ag Ayad, Eyadou Ag Leche, Abdalah Ag Lamida, Wounou  wallet Sidati, Kesa wallet  Hamid.

La musique « Essuf » dont le nom  désigne la solitude, narre le quotidien des Enfants de l’exil, traduite par une fusion de chants traditionnels et du rock blues, donnant ainsi naissance au Blues targui.


Un genre musical à part entière

L’Ishumar s’inspire de l’Essuf, en reprenant ses rythmes, mais devient très vite un genre musical à part entière, en intégrant des mélodies nouvelles, accompagnées de textes ancrés dans l’actualité politique et des événements de la répression malienne et nigérienne.

De la poésie des anciens mêlée au sonorités nouvelles, des textes éloquents exprimant le désarroi  mais aussi la détermination , cette musique de résistance a joué un rôle primordial, lors des rébellions aux Niger et  Mali des années  80, 90; car suite aux Accords de paix, les revendications  des touaregs  et leur fougue à défendre leurs identités restent vives. Des cassettes circulent clandestinement  par les membres de Tinariwen,  qui eux même ont combattu lors des rebellions.

La musique Ishumar se « démocratise », et les Tinariwen ne sont plus les seuls protagonistes du mouvement musical, car plusieurs groupes les ont rejoint .

« Le Chant  des fauves » est une collection du label Reaktion , un label dédié à la musique du Sahara et qui regroupe  Tinariwen, Terakaft , Toumast, Hasso Hakotey, Mohamed Ag Itlal, Hamid Ikawel, Koudede, Tamikrest, Bambino,  mais également  Etran Finatawa .

J’ai eu la chance de rencontrer ce dernier groupe (Etran Finatawa) lors du festival international des arts de l’Ahagar de Tin Hinan à Tamanrasset.  C’est un groupe éclectique, qui mêle sonorités touareg et peuls , repoussant ainsi les préjugés sur     « l’hermétisme » de la culture touareg; le groupe est  constitué de musiciens du kel tamasheq et peuls woodabées.

De la musique comme composante d’une identité, comme instigatrice  d’idéaux, de la musique qui fustige,  née d’un  quotidien et qui tente de le modifier, c’est ainsi que se définit le mouvement musical d’Ishumar.

 Leila Assas

 

Bibliographie :

  • Musique, poésie et politique chez les Touaregs ,  de Nadia Belalimat  , paru à  la revue  d’anthropologie Terrain .
  • La guitare des ishumar. Émergence, circulations et évolutions , Nadia Belalimat   ,paru à a revue  Volume (revue dédiée à la musique populaire)
  • Illustration :  © 2008 Reaktion under exclusive license by Tapsit
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