Riche, éclectique et diversifié, le Festival International d’Abalessa – Tin hinan des Art de l’Ahaggar, pour sa quatrième édition ( 2013) se déroule sous le signe de la joie et la frénésie. Très attendu, le festival a désormais un public fidèle. Sensible, mélomane, enthousiaste et chaleureux, le public de Tamanrasset est exceptionnel, une aura singulière planait. Lyrisme et esthétisme étaient au rendez-vous.
Les trois scènes du festival, à Abalessa, à In Salah et à Aguennar (10 km de Tamanrasset), ont connu un engouement étonnant et se déroulent dans une ambiance bon enfant. Avec ses diverses représentations, matérielles et immatérielles, son artisanat, sa richesse, ses attributs, ses codes sociaux, son oralité, ses arts et son authenticité,le patrimoine culturel saharien est au cœur des préoccupations des organisateurs, et l’Imzad, instrument et symbole du raffinement féminin touareg, est l’un des fervents et éloquents exemples de la richesse du patrimoine du sud Algérien. Rendre à cet héritage ses lettres de noblesses, mettre en exergue les connaissances ancestrales et valoriser le savoir-faire de ses représentants et ses détenteurs, tels sont les jalons majeurs du FIATAA .
Le campement du festival est un espace agréable que je sillonne avec bonheur et délectation. De découvertes en découvertes, les différents espaces offrent un large panel de divertissements, de créations et de délassement. À la tente de Tindouf, je sirote un thé délicieux, à celle du RASD , je suis tentée de roupiller tellement l’espace est douillet, je fais une halte et dans la tente des orfèvres Kel Tamasheq.
Halte à l’exposition itinérante « De terre et d’argile » du Centre Algérien du Patrimoine Culturel bâti en terre, une véritable invitation à l’évasion . Je voyage sur un tapis volant, à la recherche des saisons, je vogue vers des terres lointaines, guidée par la voix de la conteuse Hanifa Hamouche; je découvre les récits et légendes de Mola Mola, l’oiseau de bonne augure du Tassili, avec le conteur M.Mahi. A l’atelier de calligraphie, j’essaye mais en vain d’arracher á Metmati, la représentation de mon prénom en langue tinfinagh, avant de céder gentillement ma place à une foule agitée et joyeuse.
L’atelier de Djahida Houadef propose des activités dessin qui ravissent une joyeuse bande de mômes dont les rires communicatifs se propagent dans l’air. Maquillage et sculpture de ballons à l’atelier de Sabine Pakora, où je retrouve l’espace d’un instant, un brin de mon insouciance d’antan. Du mouvement et de la danse à l’atelier d’initiation à la musique de l'Afrique de l'Ouest, animé par Gérard Diby ( Cote d'Ivoire), Moussa Koita et Soulayme Dembele ( Burkina Faso) qui l’accompagnent à la percussion. Les rythmes saccadés et exaltants vont crescendo,je me déchaîne littéralement!
Le fil conducteur de ce festival est la musique, cette invention magique capable d’émoustiller les êtres, de fédérer subtilementles masses et de drainer la foule. De nombreux artistes tels que : Jakmi ( Algérie), Aferouag, Nora Gnawa ( Algerie), Etran Finatawa ( Niger), Ouled Haoussa ( Algerie), Toumast ( Niger), Tartit, ( Mali), Abdoulaye Cissé ( Mali), Super Rail band de Bamako ( Mali), Gaâda Diwan Bechar ( Algerie), Kheira arby, ( Mali ), Democratoz ( Algérie) et la diva de Tamanrasset, Badi Lalla. Tous ont offert au public de Tamanrasset des moments intenses. Et clou du spectacle, une jam session (improvisation) est née à l’initiative de Ryad Aberkane, directeur artistique du festival et membre du comité, clôturant le show en beauté.
Assurer la pérennité et la sauvegarde du patrimoine culturel des arts de l’Ahaggar sous son aspect originel sans altération, permettre à de jeunes artistes issus de la nouvelle scène de rencontrer des artistes internationaux, le FIATTA relève un défi de taille à l’image d’une Algérie complexe, riche de ses métissages et fière de son africanité.
Leila Assas
Crédit photo : Nadjib Rahmani© - FIAATA 2014