« Ouargla, antique de plusieurs siecles, il semblerait même que l’oasis ait été visitée par l’homme préhistorique entre 250 000 et 200 000 av J.C . De fait, les traditions orales et des pratiques quotidienne seraient des marques d’influence dues à la présences de plusieurs civilisations : garamante, romaine, phénicienne, carthaginoise, hafsid et kharidjite.»*
Ce n’est qu’à la lumière de ces faits historiques que nous pouvons cerner l’esprit et la démarche de l’association El-Adjyal Zingdah – Al Takafia, soucieuse de préserver le passé glorieux de l’oasis, ponctue Slimane Boughaba. Au commencement il y avait la musique, une formation musicale née dans les années quatre-vingts.
Farouches défenseurs du patrimoine local, les membres du groupe créent l’association « El Adjyal » en vue de former des musiciens parmi les plus talentueux de l’oasis. La formation musicale prend part dans divers manifestations citons «Alger, capitale de la culture arabe en 2007» ou encore «Tlemcen, capitale de la culture islamique 2011».
Le nom du groupe « Zingdah » est assez original et surtout plaisant, quelle est la signification et la symbolique de ce nom ?
Zingdah en tegaregrent, un dialecte berbère chlouh, propre à la région, signifie l’arc en ciel. C’est une allusion aux couleurs du « tabachit », la ceinture qui orne l’habit traditionnel portée par les femmes de la région. « Nous puisons nos inspirations dans le répertoire musical de la région, nombreuses chansons ont été reprises, tels que El Hamlouliw , Lala Mansoura, Maryama et la berceuse Baba Ouahid. C’est ainsi que nous perpétuons la tradition du patrimoine banga (diwane).
Quelle est la philosophie de Zingdah ?
Zingdah a pour but d’inculquer aux plus jeunes l’amour de la musique. Par ailleurs, nous tentons de les inciter à interpréter leur chansons en tergaregrant, notre langue maternelle, et à développer l’expression musicale en assurant la relève et la bonne continuité de la transmission du patrimoine immatériel, tout en diffusant les nuances de rythmes et de mélodies à un large public. Nous nous efforçons également de découvrir de nouveaux talents, tout en essayant d’éveiller l’intérêt du public local .
À propos du festival Rencontre musicale de Ourgla que vous avez initié en 2013, quels sont les projets à court, à et à long termes prévus ? Pensez-vous que les grandes lignes ont été respectées ?
Né en avril 2013 à Ouargla, à l’initiative de l’association Adjial zingdah al takafia , le festival a pour projet de regrouper des artistes de différentes régions, pour participer à la création d’un mouvement musical dans le sud, et de révéler le passé de l’oasis de Ouargla ,riche par son patrimoine et son histoire.
La collaboration d’organismes de l’état durant la 2eme édition a donné de l’ampleur à cette action; elle s’est traduite par l’octroi d’une aide financière et matérielle, ainsi que le déploiement de beaucoup d’efforts pour la réussite de l’événement. Nous avons également bénéficié du sponsoring tel que celui de la compagnie aérienne public Air Algérie, ainsi que celui d’autres marques locales.
Le succès de l’action, véhiculé par des échos médiatiques positifs ont attiré l’attention des nombreuses boites de communication, et de la presse, radios nationales et internationales. Le festival a un potentiel certain, et peut devenir rapidement une référence et se hisser au rand de grand festival international dans le désert.
Les grandes lignes du projet sont en voie d’achèvement, la plus grande étant de rendre confiance aux jeunes en leurs talents et de continuer de « chiner » les petits génies en herbe à travers les programmes d’animations musicales professionnelles, pour ensuite les suivre et les entourer, dans le cadre d’ateliers et master class.
Le groupe amateur GHABA STORY découvert en 2013, assisté durant une année par Zingdah, s’est produit pour l’édition 2014 avec des artistes professionnels.
L’Atelier Musicale des Oasis a formé quatre jeunes musiciens un batteur, un accompagnateur ainsi que deux jeunes filles une bassiste et une guitariste. En ce sens, cette édition s’inscrit dans un processus de transmission de savoirs et de savoir-faire que nous entreprenons de pérenniser ».
Leila Assas
Propos recueillis en 2014, lors de la deuxième édition de La Renontctre musicale de Ourgla
*citation Slimane Boughaba.
Illustration : Photographie du groupe Zingdah, par Oussama Bourdine