14 Apr
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La vallée de la Saoura est une région enclavée que l’erg occidental serpente. Située au  sud-ouest de l’Algérie, elle doit son nom à l’Oued Saoura formé par la confluence de Oued Zousfana et Oued Guir.  

Les gravures rupestres vielles de plus de 30.000 ans  (Ghar diba, la « grotte de la louve ») nous renseignent sur la vie préhistorique faite d’élevage et de cueillette. 

Plus tard, la vallée devint grâce à son emplacement géographique, un passage incontournable des caravanes et un carrefour important, rapprochant la Méditerranée à l'Afrique de l’ouest. On raconte, à ce sujet, que le Sultan Noir ( Lakhel ) Abû al-Hasan `Alî ,le sultan mérinide de Sijilmassa, y séjourna .

La vallée de la Saoura est reconnaissable entre mille grâce à ses caractéristiques géographiques, ses couleurs et sa diversité affirmée par la présence d’un sable ocre qui contraste avec les paysages lunaires des régions du nord-ouest. Le chapelet des ksour de la vallée est quant à lui, le théâtre de célébrations mystiques.


Mysticisme et spiritualité

La vie des ksours s’articule autour d’un mysticisme cultivé depuis des ères lointaines. L’architecture des ksour est vieille de plus de 15 siècles, elle est l’emblème du  génie de l’homme qui a réussit à dompter une terre aride et peu clémente. La construction, et l’aménagement des ksours illustrent et consolident la configuration sociale.

Parmi les principaux ksour, on compte celui d’ El Bayadh  (el  fantasia), on y célèbre encore aujourd’hui la parade des chevaliers, symbole du passé chevaleresque de la région. Par ailleurs, le ksar fut marqué par le passage de Cheikh Bouamama. 

L’antique Kenadssa constitue le siège des Ziani : une confrérie fondée par Sidi Mohamed Ziane. La ville forteresse compte certains édifices religieux tels que la mosquée De Sidi Ahmed Abderhamne construite au XVII siècle. Aux alentours, Seule Béchar, une ville coloniale anciennement appelée Colomb-Béchar, est de création récente.

La fameuse Taghit, dite « l’Enchanteresse » (la Perle) du grand erg occidental, est quant à elle, célèbre pour la fête du moussem ( célébrée au mois d’octobre à l’occasion de la fin des travaux agraires. )

Enfin, Beni abbès constitue l’épicentre de la région; c’est un véritable foyer de pèlerinage qui chaque année rassemble des milliers de fidèles venus de toute part pour Événement majeur de la vallée de Saoura.

Toutes les zaouïas des ksour de la vallée se réunissent lors de la célébration du Mawlid ( fête religieuse commémorant la naissance  du prophète Mohamed ); pendant laquelle les principaux pôles spirituels de la vallée de la Saoura ( Zaouia de Sidi M’hamed Ben Bouziane de Kenadsa, de Sidi Slimane Ben Bousmaha de Béni-Ounif et celle de Sidi Ahmed  Benmoussa Moulay de Kerzaz) convergent et célèbrent l’événement. Les bougies ornent les maisons et les chants liturgiques et prières résonnent  jusqu’à l’aube .

« Par la célébration du mawlid, la communauté redevient contemporaine du Prophète. Elle « assiste » à la naissance de celui auquel elle doit son existence en tant que communauté ».* Le fait religieux, comme vecteur social, marque la société et jalonne la vie quotidienne des contrées du Sahara; la vallée de la Saoura  ne déroge pas à cette règle. Le rite, de par sa double fonction : célébration et communion, assure la pérennité du tissus social .

Leila Assas

 

 

  1. Chavaillon N.   l’atérien  de la Zaouia el Kbira au Sahara  nord occidental   – Lybica 
  2. Maurice Cortier, D’une rive à l’autre du Sahara,‎ 1908
  3. * Citation : Abderrahmane Moussaoui, Espace et sacré au Sahara , CNRS Editions,2002  
  4. www .onat.com


Publié initialement sur Babzman

 


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