La musique est l’une des expressions les plus éloquentes, elle nous renseigne sur la perception de l’élégance au sein d’une société. En survolant le domaine de l’histoire de l’art, et plus précisément celui de la musique par la gente féminine, nous découvrons des personnes d’exception; elles se distinguent par leur talent et illustrent la beauté par leurs chants…
De Sapho, célèbre poétesse grecque de l’antiquité, surnommée la sulfureuse de l’île de Lesbos; à Wallada l’indomptable andalouse et femme de lettre du XXI siècle. La musique par les femmes, incarne l’idéal de la préciosité dans son sens le plus noble .
L’Imzad, ou le raffinement au féminin
Le Patrimoine culturel immatériel des Kel Tamasheq, est riche et éclectique de par ses attributs, ses codes sociaux, son authenticité et ses arts. L’Imzad est un instrument de musique, symbole de la poésie savante. Il jouit d’une place de choix en accompagnant les chants lors des réjouissance.
La coque de cet instrument à corde est conçue à partir d’une demi-calebasse recouverte d’une peau, puis trouée de deux ouïes; le monocorde est quant à lui, composé de crins de chevaux. Il est à sa joueuse ce qu’un enfant est pour sa mère. Il fait parti de la famille, et à ce sujet, ne dit-on pas que : « Imzad ne as amedray ennit, iwar afud iyyen essumigh as wa hedhen » (l’imzad repose sur un genou de ma mère et moi sur l’autre. Il est mon frère ).
L’imzad est l’instrument de prédilection, du raffinement et de la distinction féminine chez les Kel Tamaheq. "C’est un autre monde dans le grand univers saharien, lequel comprend et concerne la composition et fabrication des instruments, la signification de son utilisation, les cadres traditionnels et circonstances de son jeu, la répartition des rôles selon les sexes, les âges ou les lieux, légendes rattachées [ ]L’imzad est connu pour son « registre de l’esthétique » et pour être l’« interprète des sentiments »", mais il est également utilisé pour faire fuir les mauvais esprits et abréger les tourments des souffrants.
Exclusivement joué par les femmes, le degré de maîtrise de cet instrument est un signe de bonne éducation. Cette charge revient à la mère de la jeune fille, désireuse d’acquérir prestige et mérite. Il accompagne les romances et les chants des hommes, à travers l’évocation des prouesses guerrières, la courtoisie et les pérégrinations sahariennes. La joueuse de l’Imzad jouit d’un statut privilégié au sein de sa tribu qui lui atteste le plus grand égard et estime. Elle incarne la noblesse, l’élégance et la délicatesse; Ch’tima de Tin tarabine est l’une des plus vielle poétesse et joueuse de l’Imzad encore vivante.
Depuis le 04 Décembre 2013 l’Imzad est inscrit sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Cette classification intervient après le dépôt par l’Algérie d’un dossier international en son nom propre ainsi qu’au nom du Mali et du Niger qui partagent avec l’Algérie ce patrimoine. L’Officie du Parc National de l’Ahaggar (Tamanrasset) entreprend depuis quelques années; en étroite collaboration avec le Centre National de Recherches Préhistorique, Anthropologique et Historique; de répertorier les poèmes et légendes de l’Ahaggar.
Leila Assas
Bibliographie :