29 May
29May

L’artiste tunisien Ghoula dévoile son nouveau clip « Bambara », issu de son prochain album Demi Écrémé. Il y remet à l’honneur le stambali, la confrérie soufie cousine du Diwan algérien et des Gnawas du Maroc.

Le producteur, musicien et compositeur Wael Jegham, connu sous le nom de Ghoula (ogresse) rend hommage dans son nouveau clip au stambali, une musique thérapeutique tunisienne. Survivance païenne de la communauté sub-saharienne de Tunisie avec un substrat soufi, comparable au Diwan algérien et au Gnawa du Maroc, cet art, hautement codifié et réservé aux initiés, se pratique dans des lieux dédiés et hauts en couleurs tel que Dar Barnû à Tunis (litt. « la maison de Barnu », un lieu où se rassemblent les adeptes de la confrérie). Ce sont, à proprement parler, des temples de la mémoire de la diaspora noire, descendants des anciens esclaves que la traite négrière transsaharienne a déportés en Afrique du Nord.   Composé à partir d’un sample de la voix d’Abdel Majid Mihoub, maître du stambali en Tunisie, le morceau « Bambara » explore cet univers et le réinvente à travers une interprétation originale mêlant sonorités électro et instruments traditionnels. Il faut dire que cette manière de creuser l’héritage musical tunisien pour le ressusciter à travers une création nouvelle est la signature de l’artiste. Réalisé durant la période de confinement Covid-19 par Bert Juliaan Vercruysse, ce clip d’animation tente de manière imagée et hautement symbolique de dévoiler l’univers stambali. On y trouve ces composantes essentielles avec la figure du Yenna (maître) et son instrument fétiche le gumbri, les corps en transes et le rituel sacrificiel d’animaux. Le clip est aussi une invitation au voyage en Nord Afrique à travers ses symboles, son art figuratif et son artisanat qui, tous, illustrent le brassage culturel dont ils sont les fruits. Si, de nos jours, le stambali est tombé en désuétude et n’est plus pratiqué que par une petite minorité, la polémique autour de la marginalisation de la communauté noire en Tunisie demeure, elle, encore vivace. À travers le thème de la transmission orale et les brassages abordés dans ce clip, Ghoula met à l’honneur la profondeur et la richesse culturelle de son pays « Le stambali, explique-t-il, ne se réduit pas à une musique mais renvoie à une culture avec ses traditions, ses codes, ses symbole ses rituels, ses couleurs, ses tenues, ses musiques, ses instruments et ses effluves d’encens. Tout cela est couronné par une énergie débordante autour de la transe et divers rondes et chorégraphies. » Un esprit qui se manifeste aussi bien dans la musique que dans le clip  de « Bambara ».

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