Réalisateur, scénariste, compositeur et acteur, Tony Gatlif de son véritable nom : Michel Boualam Dahmani est l’un de ces enfants de l’Algérie, parti trop tôt, et jamais revenu…
Né à Alger en 1948, et issu d’une famille aux origines brassées; Tony Gatlif grandit auprès d’un père kabyle et d’une mère gitane originaire d’Andalousie. Il a douze ans quand il quitte l’Algérie pour s’installer en France, en 1960.
Ses années d’adolescence se déroulent sous le signe de la rébellion, un trait de caractère qu’il semble cultiver encore de nos jours et qui se laisse transparaitre à travers ses œuvres, et prises de positions. Désintéressé des bancs de l’école, seul, l’attrait pour le cinéma subsiste. Ainsi, «c’est l’instituteur, qui trouve la solution. Il achète un projecteur 16 mm, inscrit l’école au ciné club Jean Vigo et toutes les semaines, projette un film qui sert de matière première aux cours. Voila ma culture cinématographique. Toute ma carrière je la dois complètement à cet instituteur, qui m’a avoué il y a quelques années qu’à l’époque, il soutenait le F.LN. » confie Gatlif.
Il débute dans le cinéma en 1973, et signe sont premier long métrage intitulé «La tête en ruine», en 1975. Commence dès lors, une foisonnante carrière avec plus d’une vingtaine de films à son actif. Le succès est là, et Gatlif se verra récompensé de plusieurs prix et distinctions dont deux César, une Etoile d’Or, et un prix de la mise en scène, ainsi qu’une nomination au festival de Cannes.
Son univers cinématographique est intiment lié à son parcours et à ses origines gitanes. Son thème de prédilection demeure la culture tzigane qu’il exploite à travers l’imagerie de l’errance, du métissage, de la quête de soi et la communion à travers la musique. Il explore cela dans des films, tels que, Canta gitano, Les princes, Swing ou encore, Latcho drom, et c’est d’ailleurs sans doute ce dernier, qui exprime le mieux cette vision. Construit comme un doc-fiction, il retrace le périple du peuple gitan, un périple retranscris à la fois dans le temps et l’espace… Depuis sa genèse en Inde jusqu’en Andalousie. Chaque halte est un voyage en soit. Mille ans sur la route, le parcours de ce peuple est ponctué de chants, danses et de musique. L’omniprésence de la musique est fulgurante dans l’intégralité de l’œuvre de Gatlif. Les personnages de Tony Gatlif dansent, et chantent la vie. Une énergie fédératrice qu’il compare à la religion : « Elle représente le seul vrai lien entre les morts et les vivants, elle porte la joie, la douleur, la mélancolie et l’amour sur les sommets de l’émotion ».
L’Algerianité de Tony Gatlif est vécue comme un exil. Un sujet à peine murmuré; il consacre cependant un film à la guerre d’Algérie «La terre au ventre», (1978). Ce déracinement est exprimé également dans son film éponyme avec Romain Duris et Lubna Azabal en têtes d’affiches. Exil sorti en 2004, est récompensé au festival Cannes, par le prix de la meilleure mise en scène.
Tony Gatlif vit aujourd’hui en France et se définit comme méditerranéen et humaniste.
Leila Assas
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